lundi 14 décembre 2009



sans titre
180 x 148 cm, 2009
( aquarelle et encre de chine sur papier )
photo: cyrille cauvet









sans titre(détail)
180 x 148 cm, 2009
( aquarelle et encre de chine sur papier )
photo: cyrille cauvet

samedi 11 avril 2009

exposition à la galerie Martagon

vues de l'exposition
photos: marie mestre







































mercredi 11 mars 2009

vanité




sans titre
180 x 148 cm, 2009
( aquarelle et encre de chine sur papier )
photo: cyrille cauvet










sans titre
148 x 180 cm, 2008
( encre de chine sur papier )
photo: cyrille cauvet











sans titre
180 x 148 cm, 2009
( aquarelle et encre de chine sur papier )
photo: cyrille cauvet











sans titre
180 x 150 cm, 2008
( encre de chine sur papier )
photo: cyrille cauvet

mardi 10 mars 2009

dessins 2008-2009



Série de dessins:
42 x 29,7 cm, 2008
( encre de chine, stylo bic, et film adhésifs colorés sur papier )














































































mardi 10 février 2009

texte de Jean Pierre Mourey



Corps et labilité selon Franck Lestard

Corps qui se défont, s’enfoncent ou se délitent. Les animaux, les humains de Franck Lestard sont soumis de diverses façons à une destruction. Certains, en position oblique, sont sur le point de chuter. D’autres, par ce qui semble un trou, sont menacés d’être engloutis. D’autres encore se décomposent. Ainsi ses corbeaux se diluent par les coulures de l’encre. Toutes ces crises, toutes ces phases de mise en danger du corps sont obtenues par la vigueur du dessin et les labilités de l’encre, par la prégnance des figures et leur déstabilisation, par leur position dans le format de la page. Tel est l’art du dessin de Franck Lestard qui fusionne réalisme rigoureux et puissance à inventer un monde. Ses corbeaux ont la prestance des rapaces, avec leur bec, leurs griffes, la noirceur de leur plumage. Mais ils se défont, perdent de leur superbe dans les coulures de l’encre. Ils deviennent corps effacés, délavés. Plus ou moins effacés selon l’importance des coulures. Vanités animales. Lestard a également peint des crânes soumis aux mêmes gestes d’effacement. Il y a aussi des personnages de face ou de dos, assez massifs, souvent de couleur rouge, qui sont à demi absorbés par une béance, une sorte de trou. Ces corps sont souvent trapus, la tête et la nuque d’un seul tenant. Ils sont pris ou bien tentent de s’extirper d’un cercle qui les retient. Il faudrait distinguer dans l’histoire de l’art et de la représentation des corps, les figures qui s’élèvent, celles qui surgissent, celles qui s’enfoncent, s’enfouissent. Les figures de Lestard ont quelque parenté avec le Chien de Goya (1820-1823) du Musée du Prado à Madrid. Lestard explore diverses positions d’absorption, d’ « immersion », terme utilisé dans ses notes. Quant à ce cercle d’où elles tentent de s’extraire ou qui les attire, Lestard note : « résine noir goudron fioul sang ». D’autres personnages ont une partie du corps de couleur sang, de couleur cendre. Ont-ils été irradiés, contaminés ? Leur avant-bras, leur cœur, leur tête est d’un rouge sang, sang sombre. Tandis que le reste du corps est grisâtre, mi-vivant, mi-mort. Mais, là encore, les transparences de l’encre, celles du papier adhésif affectent les figures d’un degré d’ irréalité, d’incertitude. De quel mode de réalité relèvent les figures de Lestard ? Du songe, de l’imaginaire, de l’histoire de l’art ? Pour ma part, elles réveillent aussi le souvenir de certaines créatures et animaux fabuleux d’Alfred Kubin. Mais Lestard n’est pas dans le fantastique, ces hommes sont hors de l’histoire et en même temps au plus près de nos angoisses, de nos mal être. C’est en tenant ensemble, de façon paradoxale, un réalisme scrupuleux et l’invention d’un monde imaginé que son dessin nous atteint. Les nuques et les épaules, les poignets et les mains, les postures de ses personnages sont d’un strict réalisme mais il les situe dans des espaces, des mises en scènes, certes minimales, mais qui engagent dans un univers imaginaire. Les figures humaines, chez Lestard, renvoient à un fonds animal. Cette animalité les affecte, elles ont une puissance et une fragilité : massivité des bustes, puissance des nuques. Les pieds et les mains sont des outils de préhension grossis, des armes efficaces. La dentition des hommes, des bêtes sont visibles. Tantôt l’homme chevauche une sorte de chien-cheval préhistorique, tantôt il écrase de ses pieds un poisson, sorte de congre archaïque. Tantôt une sorte de flamand rose, d’oiseau-rapace dévore un corps humain. Ce fonds d’animalité engage dans une sauvagerie, une cruauté. La dévoration, l’entredévoration affecte toutes ces créatures. Et le rouge sang, le gris de la nécrose, le brun tellurique ou excrémentiel dominent cet univers. La force de l’œuvre est de conjuguer prégnance des corps, animalité et dilution, destruction, fragilité. Les corps qu’il dessine, qu’il sculpte ont leur densité et sont menacés de délitement, d’engloutissement, d’enfouissement. Une transparence les travaille, une diaphanéité les efface : celle de la paraffine ou du silicone de ses sculptures, celle du papier adhésif coloré, celle des coulures de l’encre pour ses dessins. Le travail de Lestard explore ces divers modes de l’effacement. D’où son intérêt, à un moment, pour ces écrans graphiques avec lesquels jouent les enfants et où l’image s’efface. La vigueur et l’exactitude du dessin, le côté archaïque et puissant des corps se doublent de la transparence, du déséquilibre, de l’enfouissement. Telles sont les modernes vanités de Lestard. Anhistoriques, elles renvoient à la condition humaine, à son mal être, à sa déréliction. Franck Lestard lui donne figure.


Jean-Pierre Mourey, philosophe, esthéticien, est l’auteur d’études sur l’art et la littérature des XXe et XXIe siècles. Il a écrit : • Borges. Vérité et univers fictionnels, Ed. Mardaga, Bruxelles, 1988. • Le Vif de la sensation, CIEREC, Université de Saint-Etienne, 1993. • Philosophies et pratiques du détail. Hegel, Ingres, Sade et quelques autres, Ed. Champ Vallon. 1996. Parmi les ouvrages collectifs : • Figures du loufoque à la fin du XXe siècle, dir . avec J.-B. Vray, CIEREC, Presses de l'Université de Saint-Etienne, 2003. • Miroirs, fragments, mosaïques. Schèmes et création dans l'art du XXe siècle, dir. avec B. Ramaut-Chevassus, Presses de l'Université de Saint-Etienne, 2005.